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Sur la colline, au nord de Vourey, se dresse une vieille tour, relique d'un ancien château appelé communément "Le Martinon". Quelle est l'histoire de ce bâtiment, qui contrairement aux trois autres châteaux de Vourey se trouve à l'écart du village ? Une visite sur les lieux permet de voir que l'éperon rocheux sur lequel la tour, entouré de trois côtés par des pentes abruptes, domine la plaine de l'Isère depuis Tullins jusqu'à Moirans. Sur un tel site on a pu construire un ouvrage de première importance pour la défense de Grenoble. Ce lieu-dit "La Bastie"comme le désignent les vieilles cartes a en effet toujours été directement contrôlé par le pouvoir central, d'abord le Dauphin, ensuite le Roi de France. C'est en 1303 que le Dauphin Jean donne à Gilles de Miribel ce qu'il possède à Vourey à charge pour lui d'y construire une forteresse et de lui en faire hommage. Qui est ce Gilles de Miribel? Il appartient à une très puissante famille et descend d'Humbert aux Blanches Mains, fondateur de la maison de Savoie. A un si noble rejeton on ne donne pas un fief sans importance, et ce choix montre bien l'intérêt que le Dauphin porte à Vourey. |
Il faut dire qu'à cette époque la valeur stratégique de " La Bastie" était encore accrue par le fait qu'une partie de Vourey était la propriété des Templiers dont l'ordre riche et puissant ne reconnaissait aucune autorité temporelle. Pour borner et surveiller la Commanderie voisine, le Dauphin aura ainsi gratuitement une forteresse bien placée, sous les ordres d'un de ses hommes. On peut penser que Gilles de Miribel joua un rôle important quand en 1307 le Roi Philippe Le Bel fit arrêter les Templiers. La famille de Miribel gardera le fief jusqu'au 8 janvier 1494 date à laquelle un autre Jean de Miribel cède la forteresse à Georges de Saint André. Le château passera lors du temps de familles en familles jusqu'au 18ème siècle où l'intérêt stratégique du lieu n'est plus très grand. La Bastie propriété de Joseph Roman passe à sa mort de ce dernier à sa nièce Marguerite Roman qui épouse à Vourey, en 1750, Raymond Martinon. |
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Raymond Martinon signera alors Martinon de la Bâtie ainsi que son fils Joseph (sauf par prudence aux heures troubles de la Révolution où il deviendra Martinon tout court). Peu à peu Joseph Martinon doit céder à son riche voisin une partie de son domaine et à sa mort, en 1832, ce qui reste du fief est acquis par le Comte de Meffrey, ami et héritier de Jean Baptiste Bovier de Saint-Jullien, qui possède la majorité des terres de Vourey. Ainsi prend fin un fief indépendant, qui durant 500 ans a orgueuilleusement surplombé Vourey et rappelé dans ce petit coin du Dauphiné la suprématie du pouvoir central. |